Fontaine, raconte-moi des histoires
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Mise à jour le 20/01/2021
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Autrefois peu nombreuses et peu fiables, les fontaines étaient pourtant indispensables à la vie quotidienne des habitants. Aujourd'hui, on les trouve sous toutes les formes et pour tous les usages. Arrêtez-vous un instant, chacune d'elles a une anecdote étonnante à vous révéler.
A l'époque où Paris s’appelle encore Lutèce, les habitants doivent imaginer des solutions pour s’approvisionner en eau. Ils n'hésitent pas à puiser dans la Seine. Puis au fil des siècles, ils construisent des aqueducs, conçoivent des pompes à eau et installent des fontaines publiques accessibles à tous. Balade à travers les âges à la rencontre de ce patrimoine parisien.
La fontaine, un lieu où l'on s'abreuvait… de commérages
D’après Eau de Paris, qui gère la distribution d’eau potable
à Paris, les plus anciennes fontaines publiques remonteraient au XIIIe
siècle. On estime qu’elles se situeraient dans le quartier des Halles. La plus
ancienne pourrait être la fontaine des Innocents (place Joachim-du-Bellay, 1er),
plusieurs fois déplacées entre 1550 et 1865. Ou encore celle de Maubuée, à l’angle
des rues Saint-Martin et Simon-le-Franc (4e).
Pendant longtemps, les fontaines étaient des lieux de retrouvailles,
de discussions et d'échanges informels entre les habitants d'un
quartier. Les plus riches envoyaient des porteurs d'eau chercher le
précieux liquide. Quant aux autres, ils faisaient eux-mêmes cette corvée
en croisant les doigts pour que l'eau ne cesse pas de couler une fois
leur tour venu.
Au Luxembourg, la fontaine Médicis était à l'origine une grotte royale
Les premières fontaines à boire étaient installées aux angles des
rues et occupaient peu d’espace. Elles remplissaient leur fonction
principale : rendre l’eau accessible à la population. Mais avec le
temps, les fontaines deviennent des monuments décoratifs.
Beaucoup apprécient le charme de la fontaine Médicis, située dans le jardin du Luxembourg (6e).
Mais peu savent qu’il s’agissait auparavant d’une grotte que Marie de
Médicis, veuve d’Henri IV, avait fait construire dans les années 1630.
Le parc, imaginé par l’ingénieur florentin Tommaso Francini, était
inspiré des jardins de Boboli à Florence, rappelant à la reine sa ville
natale.
Quelques siècles plus tard, la quiétude du jardin est bousculée. Le
baron Haussmann veut faire percer la rue de Médicis et empiète sur une
partie des dépendances du Sénat, dont la grotte Médicis. Cette dernière est déplacée vers le palais
et est transformée en bassin long d’une cinquantaine de mètres.
L'endroit n'en demeure pas moins charmant, en attestent les milliers de
visiteurs qui viennent se reposer à ses abords chaque année.
Aux Grands Hommes les fontaines reconnaissantes
Alors que la technique progresse, les fontaines acquièrent
progressivement d'autres fonctions. Commandées par les pouvoirs publics
ou des mécènes, elles deviennent des monuments à part entière.
Certaines
rendent hommage à des hommes illustres. C’est
notamment le cas de la fontaine Molière (1er), près de la Comédie-Française, édifiée en 1844. De l’autre côté de la Seine, l’imposante fontaine
Saint-Sulpice (6e, construite entre 1843 et 1848) représente quatre
évêques reconnus au temps de Louis XIV : Fénelon, Bossuet, Fléchier et
Massillon. À quelques centaines de mètres, une autre fontaine monumentale célèbre
cette fois l’archange Michel terrassant le Diable. Connue sous le nom de fontaine
Saint-Michel (6e, inaugurée en 1860), elle aurait pu être une
immense statue à la gloire de Napoléon 1er si le projet n’avait finalement pas
été rejeté.
D’autres célèbrent des victoires militaires, des conquêtes,
des événements marquants ou des prouesses techniques et scientifiques. Les
fontaines jumelles de la place de la Concorde (8e, inaugurées en
1840) sont quant à elles dédiées à la navigation fluviale et à la navigation
maritime. Non loin de là, la fontaine de Varsovie, que l’on connait aussi sous
le nom de fontaine du Trocadéro (16e) a été construite en 1937 à l’occasion
de l’Exposition universelle, à la place de la fontaine en cascade de l’ancien
palais du Trocadéro. La plus grande fontaine de Paris est devenue un endroit
prisé des visiteurs venus admirer la vue sur la tour Eiffel.
Sir Wallace au secours des Parisiens assoiffés
Cette course à la fontaine ornementale a cependant des revers. L'eau
gratuite et de bonne qualité n'est toujours pas accessible au plus
grand nombre au XIXe siècle. Pendant le siège de Paris (1870-1871) puis durant la
Commune, cette réalité se fait douloureusement sentir. Les Parisiens souffrent de la faim et de la soif. Les plus pauvres
peinent à accéder à ce bien de première nécessité.
Le philanthrope anglais Sir
Richard Wallace, Parisien d’adoption, décide d’offrir une cinquantaine de
fontaines à boire à la Ville de Paris en 1872. Les fontaines Wallace sont
rapidement surnommées les « brasseries des quatre femmes », en
hommage aux quatre cariatides qui les ornent. Jusqu’en 1952, des gobelets en
étain attachés par une petite chaîne permettaient aux habitants et aux touristes
de se désaltérer facilement.
Certaines fontaines pétillent… littéralement
Hier indispensables à la vie quotidienne, aujourd’hui décoratives,
les fontaines continuent d’occuper une place importante dans l’espace public.
Toutes n’ont cependant pas la même fonction. Il faut distinguer les fontaines
décoratives, comme celles installées sur l’avenue des Champs-Élysées (8e) ou dans le
parc de Bercy (12e), des fontaines à boire, que l’on retrouve dans les rues et les
parcs. Et puisqu’on n’arrête pas le progrès, certaines fontaines à boire
distribuent même de l’eau pétillante !