Votation citoyenne du 23 mars : quelle est la question locale posée à Paris Centre ?

Chargée de monuments somptueux et d’institutions qui ont façonné notre histoire, l’Île de la Cité occupe une place patrimoniale et culturelle centrale. Le Pont Neuf, le Palais de Justice, la Préfecture de Police, la Sainte-Chapelle, l’Hôtel-Dieu, la Conciergerie, la Place Dauphine, et enfin et surtout la Cathédrale Notre-Dame… Sur 22 hectares, le nombre d’institutions et de lieux culturels est impressionnant, mais ils sont difficilement accessibles et mal reliés entre eux. Prisée des touristes, elle est parfois réduite à un lieu de passage pour les usagers empruntant quotidiennement le boulevard du Palais et la rue de la Cité.

Ce merveilleux patrimoine ne constitue plus, aujourd’hui, un cadre de vie très accueillant pour les Parisiennes et Parisiens, par manque de logement et de commerce de proximité. Ce quartier auparavant habité s’est dépeuplé — passant d’environ 15 000 habitants au début du XIX^e siècle à près de 900 aujourd’hui — et les logements ne se trouvent plus qu’au sein de zones d’habitation situées à ses extrémités. Comme l’indiquaient l’architecte Dominique Perrault et Philippe Bélaval, alors président du centre des monuments nationaux, dans leur rapport de décembre 2016, l’Île de la Cité apparaît fragmentée en deux espaces : le secteur Police – Justice à l’Ouest et le secteur Notre-Dame – Hôtel-Dieu à l’Est.

Grâce aux grands travaux en cours sous l’impulsion de la Ville et de l’État, auxquels citoyens et associations ont été associés, l’île pourrait retrouver son rôle de lieu de vie locale, et pas simplement de tourisme. Depuis l’incendie de Notre-Dame en 2019, le visage de l’île a déjà évolué. Le parvis de la cathédrale, restitué en partie lors de la réouverture de Notre-Dame fin 2024, est la première brique du grand projet d’aménagement des abords de Notre-Dame. Au moment même de cette votation, nous créons, sur le Quai aux Fleurs, des trottoirs plus larges et une nouvelle rangée d’arbres, avant d’entamer la restauration à l’identique du Marché aux fleurs Reine Elisabeth II, dont nous piétoniserons et planterons les allées. Dans le même temps, la Préfecture de Police et le Ministère de la Justice poursuivent leurs travaux : une nouvelle connexion entre la Conciergerie et la Sainte-Chapelle, aujourd’hui isolées au sein du Palais de Justice, et la modernisation de l’Hôtel-Dieu dont la fonction hospitalière sera complétée par des commerces, une crèche, des logements et des espaces de recherche, tout en accueillant le futur musée de Notre-Dame.

Pour que l’île retrouve son rôle de pont entre les différents quartiers alentours, qu’elle encourage la création de commerces de proximité à destination de ses habitants, qu’elle offre suffisamment de logements et qu’elle constitue un véritable îlot de fraîcheur entre les deux bras de la Seine, elle pourrait faire l’objet d’un projet global État et Ville associant les Parisiennes et les Parisiens. C’est le sens de la votation citoyenne de Paris Centre.