Lettre du maire de Paris Centre à propos de la Halte humanitaire installée à la mairie du 1er arrondissement

Actualité

Mise à jour le 16/11/2020

Halte humanitaire
Pour faire face la fermeture de la Halte humanitaire de la porte de la Chapelle, la Maire de Paris, Anne Hidalgo, a décidé d’installer, pour une durée d’un an environ, une Halte humanitaire dans une partie de l’ancienne Mairie du 1er arrondissement désormais inoccupée. Découvrez la lettre du maire de Paris Centre, Ariel Weil à propos de cette Halte humanitaire ouverte dans Paris Centre.
Madame, Monsieur,
L’ouverture de la halte humanitaire au sein de l’ancienne du 1er arrondissement suscite interrogation, indignation ou désarroi, chez certains habitants du quartier qui m’ont écrit à ce sujet la semaine dernière. Par ce courrier, dont vous me pardonnerez la longueur, j’ai à cœur d’apporter à chacun et chacune d’entre vous toutes les informations dont je dispose pour répondre à ces questionnements légitimes.
Pour faire face à la fermeture de la halte humanitaire de la porte de la Chapelle, la Maire de Paris a décidé d’installer, pour une durée d’un an, une Halte humanitaire dans une partie de l’ancienne Mairie du 1er arrondissement désormais libre.
Avec ce dispositif humanitaire, le centre de Paris reste fidèle à sa tradition d’accueil et de solidarité chère à nombre d’entre nous. La solidarité avait d’ailleurs été plébiscitée lors de la consultation réalisée à l’été 2018 sur le devenir des mairies de Paris Centre. Je rappelle également que deux dispositifs de même sorte existent déjà dans Paris Centre ; en effet, deux haltes de jour sont installées depuis deux ans, Bd Henri IV (destinée aux familles) et Bd du Palais (destinée aux hommes seuls) sans n’avoir jamais posé le moindre problème à leurs quartiers.
Le choix de la mairie du 1er arrondissement s’est essentiellement imposé en raison de sa disponibilité. En l’absence d’un projet de long terme, il était en effet possible d’envisager un projet temporaire tel que celui-ci, ne demandant qu’une adaptation légère des lieux pour une utilisation rapide. Certains ont suggéré que cette halte s’installe à l’Hôtel-Dieu, sans avoir pris la peine d’en discuter avec l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, première concernée. L’AP-HP réfute d’ailleurs clairement cette proposition, n’ayant pas d’espace adapté et disponible.
Cette halte humanitaire est destinée aux personnes migrantes, réfugiées ou demandeuses d’asile. Ces personnes sont orientées vers le site par les maraudes allant au-devant de ces publics en difficulté pour leur proposer une prise en charge.
Installée depuis le 9 novembre, la halte ne propose jusqu’à la fin du mois que des consultations médicales sur RDV, à une quinzaine de personnes par jour. A partir du 1er décembre, le dispositif se développera peu à peu en offrant aux bénéficiaires de la halte des permanences sociales, médicales ou juridiques, accessibles sur rendez-vous ou sur orientation selon des critères de vulnérabilité. Lorsque les conditions sanitaires le permettront, elle proposera également des ateliers artistiques et des cours de français langue étrangère.
L’opérateur du dispositif est l’Armée du Salut. L’association est chargée de coordonner l’ensemble des associations présentes sur le site tel que le Samu Social, l’AMALF, le centre médico-social de Belleville, l’association du Chêne et de l’Ibiscus, France Terre d’Asile, Action contre la faim, WATIZAT, Réseau Chrétiens immigrés, Artistes en exil, Compagnie MPDA, La Briche foraine.
L’accueil ne se fera qu’en journée, sur des plages horaires strictes (9h-13h et 14h-17h, puis 18h), permettant une insertion la plus discrète possible de la Halte dans son environnement. L’entrée se fera par la rue Perrault. La halte accueillera le public au RDC de la mairie du 1er arrt. L’Armée du Salut disposera également de quelques bureaux au 1er étage. Par ailleurs, à partir du 30 novembre, le service des titres d’identité (transférés du quai de Gesvres) et quelques associations à vocation solidaire s’installeront également dans les murs de l’ancienne mairie, toujours au 1er étage. L’accès à ces services se fera de manière indépendante de la halte, par l’entrée principale du bâtiment.
Pour informer les riverains de ce dispositif et répondre à leurs questions, j’ai pris soin d’organiser trois réunions d’information : le 13 octobre, pour les principaux voisins de la mairie du 1er arrondissement (église, écoles, crèche, musée, commerçants, conseil de quartier), le 5 novembre, à l’adresse des parents des enfants scolarisés et accueillis en crèche et le 6 novembre, pour les habitants du quartier, en présence de Ian Brossat, adjoint à la Maire de Paris chargée du logement, de l’hébergement d’urgence et de la protection des réfugiés.
Je crois que nous pouvons faire confiance à l’Armée du Salut qui n’a plus besoin de faire ses preuves en matière de pilotage de projet de solidarité pour conduire ce projet avec tout le sérieux qu’il mérite. Néanmoins, pour pouvoir répondre régulièrement aux inquiétudes et régler avec agilité les éventuels problèmes, j’ai demandé à l’association de nommer un référent à qui il sera possible de faire remonter les problèmes au cas par cas, pour traitement rapide, d’assurer un comité de pilotage régulier avec les partenaires du dispositif mais aussi avec les riverains et les institutions du quartier et de faire des portes-ouvertes dès que possible pour mieux faire connaître le dispositif aux riverains qui le souhaitent.
Enfin, parce que la sécurité est votre principale préoccupation et qu’elle est aussi la nôtre, nous avons demandé que les forces de police et les inspecteurs de sécurité de la Ville de Paris soient quotidiennement mobilisés dans le quartier, en particulier à proximité des lieux de vie des enfants. De son côté, l’Armée du Salut prévoit la présence sur le site d’une quinzaine de personnes (selon l’affluence du public) pour prendre en charge l’accueil, la logistique, l’accompagnement, l’orientation et la sécurité ; cinq personnes seront affectées à cette seule mission.
Votre quartier est confronté à de multiples problèmes liés à la présence de toxicomanes et de SDF, notamment aux Halles, autour du Louvre et de la Samaritaine. Nous ne les sous-estimons pas et ils sont au cœur de nos préoccupations. Cependant, ces publics, qui n’ont rien à voir les uns avec les autres, méritent un accompagnement adapté et différencié.
En toute objectivité, la situation s’est récemment dégradée en raison de la fermeture de plusieurs centres d’accueil des plus démunis dans Paris Centre et de l’incapacité actuelle de l’Agora de la rue des Bourdonnais de faire face, seule, aux nombreux besoins actuels, renforcés et aggravés par la situation sanitaire et économique actuelle. Cette situation de pénurie suscite de fortes tensions dans le quartier et de nombreuses dégradations de l’espace public. Pour tenter d’y remédier, la Ville de Paris travaille actuellement, sous mon impulsion, à la mise en place d’un plan d’action permettant de développer, dans de brefs délais, un nouveau dispositif d’accueil des sans-abri dans le 2e arrondissement et un autre à l’ancienne mairie du 4e arrondissement.
Plus globalement, les sujets d’insécurité font l’objet d’échanges réguliers avec le Commissariat de Paris Centre, compte tenu de la compétence première de la Police Nationale en matière de sécurité. A cet égard, une brigade territoriale de contact, composée de 25 agents de police, concentre ses missions quotidiennes de sécurisation sur le secteur des Halles. Cas unique à Paris Centre, ce dispositif dédié vise à renforcer la présence de la force publique sur le terrain, dans un quartier caractérisé, il est vrai, par une délinquance en évolution constante depuis cet été. Néanmoins, la tranquillité publique étant étroitement liée à la sécurité, de la Protection et de la Sécurité et de la Prévention de la Ville de Paris (DPSP) organise des rondes chaque jour dans le quartier. Nous travaillons avec la DPSP afin de préparer l’arrivée prochaine de la police municipale et la prise en charge de cette problématique dans toutes ses dimensions, avec des moyens à la hauteur de la situation.
Fragilisées par leur parcours et par leur situation, les personnes susceptibles d’être accueillies dans cette halte humanitaire ont besoin d’aide pour mener à bien leur projet d’insertion et retrouver la dignité à laquelle elles ont droit. Les professionnels de la solidarité qui connaissent bien leur profil rappellent qu’il ne s’agit ni de SDF, ni d’usagers de drogues. Porte de la Chapelle, les deux populations ne se mélangeaient pas ; il n’y a pas de raison qu’elles se mélangent davantage à Paris Centre.
J’en profite pour lever un malentendu : la salle à consommation à moindres risques dont vous avez entendu parler dans la presse n’est pas à l’ordre du jour. Pour y voir plus clair sur ce sujet sur lequel il est nécessaire de travailler sérieusement, je souhaite néanmoins que la Ville de Paris réalise un diagnostic de territoire avec les acteurs locaux qui nous permettra d’objectiver la situation à Paris Centre. C’est tout ce qu’il faut comprendre de cette annonce aujourd’hui.
Vous connaissez désormais toutes les informations dont je dispose moi-même sur ce sujet. Espérant avoir contribué à vous rassurer ou au moins à clarifier le fonctionnement de la halte, sachez que je veillerai à suivre très étroitement ce projet et demander, en votre nom, les améliorations nécessaires, le cas échéant, à sa bonne inscription dans la vie du quartier.
Sincères salutations,
Ariel Weil,
Maire de Paris Centre